Boire plus pendant la canicule ? Oui mais l’eau seule ne suffit pas à vous hydrater

En période de canicule, les messages de prévention se multiplient : « buvez de l’eau régulièrement », « hydratez-vous », « évitez la déshydratation ». Ce conseil, en apparence simple et de bon sens, masque pourtant une réalité physiologique plus complexe...
Hydratation : pourquoi boire de l’eau ne suffit pas pendant la canicule
En période de canicule, les messages de prévention se multiplient : « buvez de l’eau régulièrement », « hydratez-vous », « évitez la déshydratation ». Ce conseil, en apparence simple et de bon sens, masque pourtant une réalité physiologique plus complexe : l’eau seule ne suffit pas toujours à assurer une hydratation efficace de l’organisme. Pour comprendre pourquoi, il faut s’intéresser à la manière dont l’eau est absorbée, utilisée et surtout retenue par le corps humain.
L’hydratation cellulaire : une question de minéraux
L’eau représente environ 60 % de la masse corporelle totale chez l’adulte. Elle est présente à la fois dans les cellules (compartiment intracellulaire), dans les espaces interstitiels (compartiment extracellulaire) et dans le plasma sanguin. Le passage de l’eau entre ces différents compartiments est régulé par un phénomène essentiel : l’osmose.
L’osmose dépend de la concentration en solutés, notamment les électrolytes (sodium, potassium, magnésium, calcium), de part et d’autre des membranes cellulaires. Ce sont donc les minéraux qui permettent à l’eau de pénétrer dans les cellules et d’y rester. En leur absence, ou si leur concentration est déséquilibrée, l’eau ne peut pas être correctement absorbée ni retenue dans les tissus.
Autrement dit, boire de grandes quantités d’eau pure, sans un apport parallèle en minéraux, peut conduire à une hydratation inefficace, voire à une dilution des électrolytes plasmatiques, un phénomène connu sous le nom d’hyponatrémie de dilution.
Ce que la transpiration emporte avec elle
Lorsqu’on transpire — ce qui est massif en période de canicule —, on perd non seulement de l’eau, mais aussi une quantité significative de minéraux, en particulier du sodium. Une étude publiée dans le *Journal of Applied Physiology* (Shirreffs & Maughan, 1997) montre que la sueur humaine contient entre 0,2 et 1 g de sodium par litre, selon les individus et les conditions environnementales.
Ces pertes ne sont pas anodines. Une déplétion en sodium, même modérée, perturbe l’équilibre hydro-électrolytique et peut aggraver la sensation de fatigue, provoquer des crampes musculaires, des vertiges, voire dans les cas extrêmes, un effondrement cardiovasculaire.
Une eau qui « traverse » sans hydrater
Il n’est pas rare que des personnes exposées à la chaleur boivent abondamment, sans pourtant ressentir de soulagement. L’explication est simple : l’eau bue n’est pas retenue. Elle est rapidement filtrée par les reins et éliminée par les urines, car le corps, dépourvu de sodium, ne peut pas la distribuer efficacement à ses cellules.
Ce phénomène est bien documenté dans la littérature médicale, notamment dans les recommandations de l’OMS sur les solutions de réhydratation orale (SRO), qui insistent sur l’importance d’un apport simultané en eau, sodium et glucose pour restaurer rapidement l’hydratation intracellulaire.
Quels sont les bons réflexes ?
Pour assurer une hydratation efficace, il ne suffit donc pas de boire « de l’eau ». Il faut fournir à l’organisme ce dont il a réellement besoin : une eau accompagnée d’électrolytes et, idéalement, d’un peu de glucose pour en faciliter l’absorption intestinale.
Voici quelques recommandations concrètes :
- Boire de l’eau minérale riche en sodium et potassium (ex : St-Yorre, Vichy Célestins, Rozana), particulièrement après une transpiration abondante.
- Consommer des fruits et légumes frais, qui contiennent naturellement de l’eau et des minéraux : pastèque, melon, concombre, épinards, agrumes, etc.
- Préparer une boisson isotonique maison : 1 L d’eau, 1/2 cuillère à café de sel, 2 cuillères à soupe de sucre ou de miel, le jus d’un citron.
- Limiter les boissons diurétiques (café, thé, alcool), qui accentuent la perte hydrique.
Et dans l’assiette ?
L’alimentation joue un rôle clé dans l’équilibre hydrique. Une alimentation riche en légumes crus, fruits frais, graines oléagineuses (sources de magnésium) et aliments fermentés (riches en potassium et probiotiques) contribue à restaurer les pertes minérales tout en soutenant la rétention hydrique dans les tissus.
À l’inverse, une alimentation ultra-transformée, pauvre en micronutriments, augmente les besoins en eau sans apporter les éléments nécessaires à sa bonne assimilation.
Conclusion : boire mieux, pas juste plus
La chaleur extrême impose au corps un stress physiologique qui ne peut être compensé que par une approche globale de l’hydratation. Il ne s’agit pas simplement d’augmenter les volumes d’eau ingérés, mais d’en optimiser la qualité et l’assimilation.
Boire de l’eau, oui — mais en pensant aux minéraux qui permettent à cette eau de réellement nourrir nos cellules. C’est en tenant compte de cette réalité biologique que l’on peut prévenir efficacement les risques de déshydratation, de fatigue chronique ou de déséquilibres électrolytiques en période de canicule.