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26/02/14

Un label bio pour Monsanto ?



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En s’alliant avec une entreprise danoise, le géant de l’agrochimie tente de conquérir un nouveau marché. Son objectif ? Développer des solutions de « lutte biologique » dans les champs afin de répondre aux attentes des agriculteurs. L’implication de Monsanto dans le domaine du biocontrôle ne rassure pas les autorités françaises, qui redoutent de ne pas faire le poids face à ces puissants groupes industriels.



Des pesticides naturels

Les produits de « lutte biologique », également appelés produits de biocontrôle, sont de plus en plus utilisés par des agriculteurs, bio ou non. Ils sont naturels et représentent une alternative aux produits chimiques : pesticides, fongicides et autres herbicides. Lorsque l’on parle de biocontrôle , il s’agit principalement d’insectes, de bactéries et de champignons (par exemple des coccinelles qui mangent des pucerons). Ces solutions naturelles sont très efficaces, mais restent difficilement applicables à grande échelle.

La conquête d’un nouveau marché

Le marché des produits agricoles biologiques étant particulièrement juteux, on comprend mieux l’attrait de Monsanto pour ces techniques naturelles. En décembre dernier, le géant américain s’est allié avec Novozymes , une entreprise danoise leader dans le domaine des enzymes alimentaires et industrielles, pour créer The BioAg Alliance. L’alliance a par ailleurs dévoilé ses motivations : “identifier, développer et vendre des solutions à base de micro-organismes qui permettent aux agriculteurs du monde entier d’augmenter les rendements des cultures en utilisant moins d’intrants ».

Cette collaboration n’est pas un phénomène isolé et reflète une tendance générale. Les géants de l’industrie agro-alimentaire multiplient les rapprochements avec la filière biologique. BASF a acheté Becker Underwood, spécialisé dans les technologies de semences enrobées de micro-organismes ; Bayer a acheté AgraQuest qui produit des pesticides bio ; quant à Syngenta, la firme suisse collabore avec Bioline depuis 25 ans.



L’inquiétude de la France

Le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll a exprimé son inquiétude : "Comme les groupes tels que Monsanto ont une surface financière plutôt importante, ma crainte, c’est qu’ils viennent avaler ceux qui sont en train de créer des choses nouvelles". Affirmant son intention de proposer une riposte : "face aux géants de la chimie, il faut qu’on crée des géants du biocontrôle."

Pourtant, dans le domaine du biocontrôle, la France est particulièrement performante. L’hexagone possède en effet une vingtaine de petites et moyennes entreprises (et près de 4000 salariés) œuvrant déjà dans la filière de la lutte biologique. Stéphane Le Foll entend donc profiter des atouts et du savoir-faire que la France possède. Par ailleurs, il réunira prochainement les acteurs français des produits de biocontrôle.


Un label bio pour Monsanto ?

Monsanto n’est plus à un paradoxe près (lire : Monsanto veut produire un OGM "sain" !). En se rapprochant de Novozymes, la firme parviendra-t-elle à rattraper le retard qu’elle a pris sur ses concurrents ? Les produits traités par les pesticides bio de Monsanto parviendront-ils à séduire les labels et les agriculteurs de l’agriculture biologique ? Rien n’est moins sûr…









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